Antiquité
Le littoral provençal a été colonisé par les Grecs : vers 600 av. J.-C., les Phocéens s’installent à Marseille (en grec, Massalia ; en latin, Massilia). Ils essaiment à Nice (Nikaia), Antibes (Antipolis), Hyères (Olbia), Six-Fours (Tauroeis), Arles ainsi que sur certaines parties du littoral languedocien comme à Agde (Agathé) ou au sud de Nîmes. Au nord, ils fondent Le Pègue près de Valréas et s’arrêtent à La Laupie à l’est de Montélimar. Antérieurement la région était peuplée de Celtes et aussi de Ligures ou Celto-Ligures19
La conquête romaine au IIe siècle av. J.-C.
Les Antiques à Saint-Rémy-de-Provence.
Chronologie sommaire
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Le royaume Burgonde au Ve siècle
La basse vallée du Rhône connait diverses invasions. Wisigoths et Alains pillent de nombreuses cités et descendent jusqu’à Orange et Avignon. Les Burgondes s’installent dans la région en 442, et choisissent Vienne, qui gardait son prestige de grande cité romaine, pour capitale. Avignon marqua la pointe sud de ce royaume20. Les Ostrogoths fondent au sud de ce royaume Burgonde un duché dépendant de leur royaume italo-dalmate : le duché de Provence, future basse Provence ou comté de Provence (la partie burgonde deviendra elle le marquisat de Provence). Charles Martel combat le patrice de Provence allié des Maures de Gothie et fait entrer définitivement la Provence dans le domaine franc.
En 843, le traité de Verdun donne la Provence à Lothaire Ier. Son fils Charles de Provence en fait le royaume de Provence-Viennois ou de Bourgogne cisjurane à l’existence éphémère (855-863). À sa mort, la Provence est intégrée à l’Italie et le Viennois à la Lotharingie de Lothaire II. Après une période trouble, la Provence est de nouveau incluse dans le domaine impérial par le traité de Meerssen, pour une brève durée, puisqu’elle échoitt à la mort de l’empereur Louis II, en 875, au roi de France Charles le Chauve, là aussi pour une courte période. Boson V de Provence, son beau-frère, se fait proclamer roi du deuxième royaume de Provence en 879. Boson est en lutte avec les Carolingiens. Le fils de Boson, Louis, empereur, confie le gouvernement de la Provence à Hugues d’Arles, qui le donne à son tour en 934 à Rodolphe II, roi de Bourgogne transjurane Le nouvel ensemble est le deuxième royaume de Bourgogne-Provence aussi appelé Royaume d’Arles. Il subsiste jusqu’en 1032.
Dans les années 880, quelques Sarrasins provenant de l’émirat d’Al-Andalus échouent par hasard sur le rivage varois et établissent une base au Fraxinet (Fraxinetum) ou Freinet, que l’on situe traditionnellement dans la région de La Garde-Freinet, d’où ils lancent des raids, notamment dans la basse Provence orientale. Hugues d’Arles mène deux attaques victorieuses contre eux en 931 et 942avec l’aide de navires byzantins, mais sans pousser l’avantage jusqu’à leur expulsion.
Croix des Bosonides
En 972, à la suite de l’enlèvement de Mayeul, abbé de Cluny, Guillaume Ier et Roubaud, avec l’aide de seigneurs provençaux et du marquis de Turin, libère la Provence des Sarrasins qui depuis le massif des Maures (au-dessus de Saint-Tropez) pillaient la région. Cette campagne militaire contre les Sarrasins, obtenue sans les troupes de Conrad, masque en fait une mise au pas de la Provence, de l’aristocratie locale et des communautés urbaines et paysannes qui avaient jusque là toujours refusé la mutation féodale et le pouvoir comtal. Elle permet à Guillaume d’obtenir la suzeraineté de fait de la Provence. Il distribue les terres reconquises à ses vassaux, arbitre les différents et crée ainsi la féodalité provençale21. Nommé marquis en 975, Guillaume fait d’Arles sa capitale.
En 1019, Emma, marquise de Provence, se marie à Guillaume III Taillefer, comte de Toulouse, transmettant les droits de la lignée de Roubaud à la maison de Toulouse. En 1112, Douce de Provence, héritière des droits de la ligne de Guilhem, épouse Raimond-Bérenger III, comte de Barcelone, qui devient Raimond-Bérenger Ier de Provence. Les maisons de Toulouse et de Barcelone entrent alors en conflit pour le marquisat. Pour aboutir à un traité en 1125 entre Raymond-Bérenger et Alphonse-Jourdain de Toulouse, qui partage le comté entre un marquisat au nord de la Durance, donné aux Toulouse, et le comté au sud, donné aux Barcelone, lesquels s’opposent entre 1144 et 1162 à la maison des Baux au cours des guerres Baussenques. En 1193, Alphonse II de Provence épouse Gersande de Forcalquier, ce qui donne naissance au comté de Provence-Forcalquier.
Pendant cette période, le comté d’Orange, vassal de Provence, est érigé en 1181 en principauté.
Bas Moyen Âge
En 1245, meurt Raymond-Bérenger V de Provence, dont les quatre filles sont mariées respectivement : Marguerite à saint Louis, Sancie à Richard de Cornouailles, Éléonore à Henri III, roi d’Angleterre et Béatrix à Charles, comte d’Anjou et du Maine, frère de saint Louis. C’est cette dernière qui reçoit en héritage les deux comtés de Provence et Forcalquier, les transmettant à la première maison capétienne d’Anjou.C’est pourquoi Forcalquier est surnommé « la cité des 4 reines ».
Mais le comté de Provence-Forcalquier est démembré. Conformément au traité de Meaux-Paris (1229) qui marque la fin de la croisade des Albigeois, à la mort d’Alphonse de Poitiers, en 1271, le marquisat passe au roi de France Philippe III qui le cède dès 1274 au pape Grégoire X pour devenir le Comtat Venaissin.
En 1388, à la suite des troubles et de la guerre civile qui accompagnent la succession de la reine Jeanne, la ville de Nice et sa viguerie — la division administrative correspondante — la cité de Puget-Théniers et les vallées de la Tinée et de la Vésubie se constituent en Terres neuves de Provence et se mettent sous la protection de la maison de Savoie, c’est la dédition de Nice à la Savoie. Ces terres prendront le nom de comté de Nice en 1526.
En 1382, à la mort de la reine Jeanne, s’achève la première maison capétienne d’Anjou. Elle avait adopté le frère du roi Louis Ier, fait comte puis duc d’Anjou, fondant, après une période de troubles appelée guerre de l’Union d’Aix, la seconde maison capétienne d’Anjou. Cette dynastie s’achève avec la mort de Charles III du Maine en 1481, léguant ainsi la Provence au roi de France Louis XI. Les actes rédigés et adoptés de janvier 1482 à avril 1487 entérinent l’union de la Provence et de la France « comme un principal à un autre principal (…) sans que à la couronne [de France] comté et pays de Provence ne soient subalternez22 ». Juridiquement, il ne s’agit que d’une union personnelle des couronnes, le roi de France n’agit en Provence qu’en tant que comte de Provence, et il en sera ainsi jusqu’à la Révolution française. « Qu’il plaise à votre majesté de s’intituler […] comte de Provence, […] de façon que nous ne soyons nullement tenus d’obéir à aucune lettre dépourvue de ce titre23.